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mardi 7 janvier 2014

Conseils pour améliorer vos MOOCs


                                              Topaze enseignant la morale laïque




      Une critique fréquente que l’on adresse aux MOOCs  est de donner une image trop aseptisée et déshumanisée des enseignants  qui les présentent et de l'enseignement en général, et de faire perdre tout ce qui fait partie d’un cours en « présentiel » : l’ambiance de la salle de cours, l’hésitation de l’enseignant, les mille signes qui lui font sentir que son auditoire s’ennuie ou s’enthousiasme, les rires ou les soupirs qui accompagnent tel développement, la vivacité des questions, voire l’ennui qui peut se dégager, etc. Mais voici quelques propositions destinées à améliorer cet état de choses, destinées aux concepteurs de MOOCs  et aux animateurs de plateforme.

1)      Utiliser la technique des sitcoms en diffusant des rires préenregistrés qui émailleront le propos de l’enseignant – que l’on obligera aussi  à faire des blagues toutes les 5 minutes pour amuser l’auditoire. De même on pré-enregistera des soupirs d’ennui, des raclements de gorge  et des toussotements pour les passages les plus ardus du MOOCs, ce qui donnera aux auditeurs non seulement un sentiment de sympathie avec ceux qui souffrent sur des équations ou un point difficile de jurisprudence, mais aussi qui signalera que ce sont les passages où il faut se concentrer. On pourra aussi pré-enregistrer en début de Mooc des bruits de tables et de chaises qu’on pousse, ou un brouhaha d’amphi, pour donner de l’ambiance. Et surtout on ne manquera pas d’émailler le MOOC, à intervalles réguliers, de sonneries de portables de toutes sortes, voire de voix d’étudiants répondant au téléphone (« Attends je suis en cours, je te rappelle dans 5 minutes »).

2)      Les enseignants des MOOCs sont trop avenants pour être crédibles, ils ont l’air de représentants de commerce  ou de laborantins de pharmacie dans une pub pour médicaments, et pas de profs. On les obligera donc à porter des vêtements plus éculés, des pantalons tirebouchonnés, des chemises mal repassées, des cravates mal ajustées, des vestes qui baillent au col et aux manches, etc. et pour les dames des tailleurs boudinants, des chemisiers effilochés, des bas filés, des chignons en bataille. Ainsi les enseignants ressembleront-ils comme deux gouttes d’eau à ceux qu’on trouve dans les amphis, et leur habillage sera à l’image de leur salaire réel. En plus, on n’aura pas à changer les Moocs tous les cinq ans : car la mode change et un enseignant filmé avec des habits neufs à la mode d’il y a quelques années a vite l’air désuet -  son cours aussi -  tandis que des habits éculés restent tels plus longtemps et ont un petit air d'éternité qui sied au savoir.

3)      On n’oublie pas les odeurs. Dans nombre d’amphis aux Etats Unis, les étudiants amènent leur manger et leur boire et jouent des mandibules ou glougloutent sous le nez de l’enseignant. Il y a un remède à cette lacune. Si la technologie ne permet pas encore de diffuser des odeurs de synthèse à partir des ordinateurs – cela viendra sûrement, la cyber-olfaction fait des pas de géant – on peut néanmoins disposer devant le professeur filmé des hamburgers, des boîtes de coca et des sachets de chips, qui donneront un petit air de familiarité au décor. 

4)      Une critique fréquente est que les MOOCs ne permettent pas de saisir le « tremblé » véritable d’un cours , et surtout le rythme du séminaire: le fait que l’enseignant puisse buter sur ses mots, se reprendre, répondre à des questions de la salle, revenir en arrière, bref tout ce qui fait qu’un cours est vivant, et une sorte de petit théâtre, avec ses mouvements divers et variés, ses accelerati et ses diminuendi . En fait ce n’est pas difficile à réaliser. Il suffit de recruter quelques enseignants bègues, d’autres excités ou hystériques, d’autres encore ennuyeux – ce qui ne devrait pas être trop difficile – pour donner l’impression d’être comme en classe. On pourra aussi répéter deux fois la même séquence, pour donner l’impression de répétition. Et on pourra aussi demander aux enseignants d’être obscurs et confus, pour faire real life


Bref tout ce que le Truman Show réussissait à faire peut être fait sur MOOC, avec un peu d’imagination et d’effort. De même que McDonald’s a réussi à offrir à ses consommateurs des hamburgers campagnards au fromage de chèvre ou qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à la baguette jambon beurre, les MOOCs  peuvent aisément intégrer l’ambiance d’un amphi bondé au sein d’une fac délabrée, couverte de graffitis et d’affiches, avec des étudiants et des professeurs absents.  C'est même ce qu'ils imitent le mieux.

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